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comme lieutenant. Un boulet arrive qui culbute le capitaine. Bon, dit le lieutenant tout joyeux, voilà François mort, c’est moi qui vais être capitaine. — Pas encore tout à fait s’écrie François en se relevant, il n’avait été qu’étourdi par le boulet. Le lieutenant ainsi que son capitaine étaient les meilleurs garçons du monde, point méchants, seulement un peu bêtes et enthousiastes de l’empereur ; mais l’ardeur de la chasse et l’égoïsme furieux que cet homme avait su réveiller en le décorant du nom de gloire faisaient oublier l’humanité.

Au milieu du spectacle sévère donné par de tels hommes, se disputant aux parades de Schœnbrunn un regard du maître et un titre de baron, voici comment l’apothicaire de l’empereur décrit l’amour allemand, page 288 :

« Rien n’est plus complaisant, plus doux qu’une Autrichienne. Chez elle l’amour est un culte, et, quand elle s’attache à un Français, elle l’adore dans toute la force du terme.

« Il y a des femmes légères et capricieuses partout, mais en général les Viennoises sont fidèles et ne sont nullement coquettes ; quand je dis qu’elles sont fidèles, c’est à l’amant de leur choix, car les maris sont à Vienne comme partout. »