Page:Stendhal - De l’amour, II, 1927, éd. Martineau.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

très positivement qu’il lui était désagréable d’être violée et qu’elle sentait la chose imminente, je lui disais que je voulais mériter la réputation qu’elle me faisait, etc… C’était dans le jour, on pouvait entrer d’un moment à l’autre dans sa chambre ; elle eut une peur du diable ; elle me conjura de la laisser ; elle me dit qu’elle n’avait jamais aimé que Weilberg et qu’elle n’en aimerait jamais d’autre. Enfin elle se dégagea de moi ; elle sonna. Un domestique vint, auquel elle commanda de refaire le feu, d’arranger les rideaux, de lui apporter du thé. Je sortis. Depuis ce temps, nous sommes à peu près brouillés. Elle dit partout que je suis une espèce de scélérat à la Iago ; que depuis longtemps j’avais pour elle une abominable passion, et que c’est moi qui ai éloigné d’elle son amant Weilberg. Elle a été jusqu’à montrer comme des déclarations de ma part quelques lettres familièrement amicales que je lui avais écrites il y a six ans, quand j’étais avec vous à Rome.

À présent, la vanité de Félicie s’exerce sur d’autres objets. Elle dit, en parlant de Weilberg, des phrases tristes du troisième volume de Corinne ; elle joue le deuil d’une grande passion ; elle ne va plus dans le monde ; chez elle, plus de toilette ; mais elle donne d’excellents dîners, où viennent