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Félicie, qui voyait tout cela, en faisant semblant de ne pas y voir, n’y tint plus. Aussi bien, comme j’avais dit à Gustave qu’elle n’avait aucune altération dans le pouls ni dans la respiration, il avait ajouté : « C’est bien singulier qu’avec cela elle ait une syncope ! » Félicie, poussée à bout, revint peu à peu à elle ; elle se rajusta et nous pria de la laisser seule.

Comme elle croyait avoir grand intérêt à paraître réellement évanouie devant Gustave, je crois que si j’avais essayé de satisfaire une fantaisie, qui ne me prit pas, elle se fût laissé faire, sauf à dire ensuite que c’était, de ma part, l’excès de l’indignité, et, de la sienne, l’excès du malheur. Et notez bien que, matériellement honnête jusque-là, et fort insensible, d’ailleurs, à ce plaisir, elle eût souffert très certainement d’être ainsi violée.

Félicie fut si cruellement humiliée de cette manifestation d’indifférence de Weilberg pour elle devant moi à qui elle en parlait toujours comme de l’amant le plus passionné, qu’elle en fut réellement malade. Weilberg, après cette farce ridicule, ne voulait plus revenir chez elle. Cependant comme elle garda le lit quelque temps, et qu’auparavant on le voyait sans cesse dans cette maison, pour éviter qu’on ne remarquât son absence, il parut ; ses visites, peu