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mon cœur ! Autrefois vous étiez bien avec Weilberg ; depuis notre voyage vous avez changé ; vous semblez avoir de la haine pour lui. (Cela ne semblait pas du tout. Je savais à quoi m’en tenir.) Ah ! mon ami, je n’étais pas heureuse auparavant..... Ce n’est que depuis..... Si vous saviez toutes les barbaries de Charles pendant le voyage ! Si vous connaissiez mieux Gustave !..... Si vous saviez que de soins touchants, que de tendresse !..... Pouvais-je résister ?..... Si vous saviez quelle âme de feu, quelles passions effrayantes a cet homme, en apparence si froid ! Non, mon ami, vous ne me mépriseriez pas !..... Je sens bien, hélas ! qu’il me manque quelque chose..... Ce bonheur n’est pas pur..... Je sais bien ce que je devais à Charles. Mais, mon ami ! ce spectacle continuel de l’indifférence, des mépris de l’un, des soins et de l’amour de l’autre..... et cette familiarité obligée de la vie en voyage..... Tant de dangers !..... Pouvais-je résister à tant d’amour ! et d’ailleurs, pouvais-je résister à ses violences ? » etc., etc., etc.

Voilà donc le pauvre Weilberg, honnête comme Joseph, accusé d’avoir violé la femme de son ami, et il faut le croire, c’est elle qui le dit : elle s’en est vantée à deux personnes de ma connaissance, et sans doute aussi à d’autres que je ne connais pas.