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jury sur l’exposition des produits de l’industrie nationale.

À force d’être rebuté par sa femme, M. Féline imagina, à cinq ou six reprises, d’en être un peu amoureux et de bonne foi. Elle lui tenait la dragée haute. La coquetterie de Félicie, dans ce temps-là, consistait à lui dire des choses aimables en public, et à trouver des prétextes pour lui tenir rigueur dans le tête-à-tête. Elle augmentait ainsi les désirs de son mari ; et quand elle daignait lui permettre..... il payait tous les mémoires de tapissiers, de Leroy, de Corcelet, et la trouvait encore très modérée dans ses dépenses, qui étaient absurdes.

Pendant les deux ou trois premières années, jusqu’à vingt ou vingt et un ans, Félicie n’avait cherché le plaisir que dans la satisfaction des vanités suivantes :

« Avoir de plus belles robes que toutes les jeunes femmes de sa société.

« Donner de meilleurs dîners.

« Recevoir plus de compliments qu’elles quand elle joue du piano.

« Passer pour avoir plus d’esprit qu’elles. »

À vingt et un ans commença la vanité du sentiment.

Elle avait été élevée par une mère athée, et dans une société de philosophes athées. Elle avait été tout juste une fois à l’église, pour se marier ; encore ne le voulait-elle