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mot de cristallisation, qui met Carthage en fuite. Dans le fait, c’est difficile à comprendre.

Madame Gherardi continua : « Pendant ces quatre mouvements de l’âme, ou manières d’être, que Filippo vient de dessiner, je ne vois pas la plus petite raison pour que notre voyageur soit triste. Le fait est que le plaisir est vif, qu’il réclame toute l’attention dont l’âme est susceptible. On est sérieux, mais l’on n’est point triste la différence est grande. — Nous entendons, madame, dit un des assistants, vous ne parlez pas de ces malheureux auxquels il semble que tous les rossignols rendent les mêmes sons. — La différence entre être sérieux et être triste (l’esser serio e l’esser mesto), reprit madame Gherardi, est décisive lorsqu’il s’agit de résoudre un problème tel que celui-ci : « Oldofredi aime-t-il la belle Florenza ? » Je crois qu’Oldofredi aime, parce que, après avoir été fort occupé de la Florenza, je l’ai vu triste et non pas seulement sérieux. Il est triste, parce que voici ce qui lui est arrivé. Après s’être exagéré le bonheur que pourrait lui donner le caractère annoncé par la figure raphaélesque, les belles épaules, les beaux bras, en un mot les formes dignes de Canova de la belle marchesina Florenza, il a probablement cherché à obtenir la confirmation