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rives de l’Inn et ensuite celles de la Salza, nous descendîmes jusqu’à Salzbourg. La fraîcheur charmante de ce revers des Alpes, du côté du Nord, comparée à l’air étouffé et à la poussière que nous venions de laisser dans la plaine de Lombardie, nous donnait chaque matin un plaisir nouveau et nous engageait à pousser plus avant. Nous achetâmes des vestes de paysans à Golling. Souvent nous trouvions de la difficulté à nous loger et même à vivre ; car notre caravane était nombreuse ; mais ces embarras, ces malheurs, étaient des plaisirs.

Nous arrivâmes de Golling à Hallein, ignorant jusqu’à l’existence de ces jolies mines de sel dont je parlais. Nous y trouvâmes une nombreuse société de curieux, au milieu desquels nous débutâmes en vestes de paysans et nos dames avec d’énormes capotes de paysannes, dont elles s’étaient pourvues. Nous allâmes à la mine sans la moindre idée de descendre dans les galeries souterraines ; la pensée de se mettre à cheval pour une route de trois quarts de lieue, sur une monture de bois, semblait singulière, et nous craignions d’étouffer au fond de ce vilain trou noir. Madame Gherardi le considéra un instant et déclara que, pour elle, elle allait descendre et nous laissait toute liberté.