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DE L’AMOUR

d’elle soixante dames, rendit ce jugement, » etc., etc.

André le chapelain, duquel nous tirons ces renseignements, rapporte que le code d’amour avait été publié par une cour composée d’un grand nombre de dames et de chevaliers.

André nous a conservé la supplique qui avait été adressée à la comtesse de Champagne, lorsqu’elle décida par la négative cette question : Le véritable amour peut-il exister entre époux ?

Mais quelle était la peine encourue lorsqu’on n’obéissait pas aux arrêts des cours d’amour ?

Nous voyons la cour de Gascogne ordonner que tel de ses jugements serait observé comme constitution perpétuelle, et que les dames qui n’y obéiraient pas encourraient l’inimitié de toute dame honnête.

Jusqu’à quel point l’opinion sanctionnait-elle les arrêts des cours d’amour ?

Y avait-il autant de honte à s’y soustraire, qu’aujourd’hui à une affaire commandée par l’honneur ?

Je ne trouve rien dans André ou dans Nostradamus qui me mette à même de résoudre cette question.

Deux troubadours, Simon Doria et Lanfranc Cigalla, agitèrent la question : « Qui est plus digne d’être aimé, ou celui