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DE L’AMOUR

(exposition de 1822) un millier de tableaux représentant des sujets de l’Écriture sainte, peints par des peintres qui n’y croient pas beaucoup, admirés et jugés par des gens qui n’y croient pas, et enfin payés par des gens qui n’y croient pas.

L’on cherche après cela le pourquoi de la décadence de l’art.

Ne croyant pas en ce qu’il dit, l’artiste craint toujours de paraître exagéré et ridicule. Comment arriverait-il au grandiose, rien ne l’y porte.

Lettera di Roma, giugno 1822.
144.

L’un des plus grands poètes, selon moi, qui aient paru dans ces derniers temps, c’est Robert Burns, paysan écossais mort de misère. Il avait soixante-dix louis d’appointements comme douanier, pour lui, sa femme et quatre enfants. Il faut convenir que le tyran Napoléon était plus généreux envers son ennemi Chénier, par exemple. Burns n’avait rien de la pruderie anglaise. C’est un génie romain sans chevalerie ni honneur. Je n’ai pas assez de place pour conter ses amours avec Mary Campbell et leur triste catastrophe. Seulement je remarque qu’Édimbourg est à la même latitude que Moscou, ce qui pourrait