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s’adresse au mari de Délie trompé comme lui ; il lui révèle toutes les ruses dont elle se sert pour attirer et pour voir ses amants. Si ce mari ne sait pas la garder, qu’il la lui confie : il saura bien les écarter et garantir de leurs pièges celle qui les outrage tous deux. Il s’apaise, il revient à elle, il se souvient de la mère de Délie qui protégeait leurs amours ; le souvenir de cette bonne femme rouvre son cœur à des sentiments tendres, et tous les torts de Délie sont oubliés. Mais elle en a bientôt de plus graves. Elle s’est laissé corrompre par l’or et les présents, elle est à un autre, à d’autres. Tibulle rompt enfin une chaîne honteuse, et lui dit adieu pour toujours.

« Il passe sous les lois de Némésis et n’en est pas plus heureux ; elle n’aime que l’or, et se soucie peu des vers et des dons du génie. Némésis est une femme avare qui se donne au plus offrant ; il maudit son avarice, mais il l’aime, et ne peut vivre s’il n’en est aimé. Il tâche de la fléchir par des images touchantes. Elle a perdu sa jeune sœur ; il ira pleurer sur son tombeau, et confier ses chagrins à cette cendre muette. Les mânes de la sœur de Némésis s’offenseront des larmes que Némésis fait répandre. Qu’elle n’aille pas mépriser leur colère. La triste image de sa sœur viendrait la nuit troubler son sommeil… Mais ces