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d’un corps, la robe, par exemple[1], et étant protégé par les membres de ce corps.

  1. Correspondance de Grimm, janvier 1783.
    « M. le comte de N***, capitaine en survivance des gardes de Monsieur, piqué de ne plus trouver de place au balcon, le jour de l’ouverture de la nouvelle salle, s’avisa fort mal à propos de disputer la sienne à un honnête procureur ; celui-ci, maître Pernot, ne voulut jamais désemparer. — Vous prenez ma place. — Je garde la mienne. — Et qui êtes-vous ? — Je suis monsieur six francs… (c’est le prix de ces places). Et puis des mots plus vifs, des injures, des coups de coude. Le comte de *** poussa l’indiscrétion au point de traiter le pauvre robin de voleur, et prit enfin sur lui d’ordonner au sergent de service de s’assurer de sa personne et de le conduire au corps de garde. Maître Pernot s’y rendit avec beaucoup de dignité, et n’en sortit que pour aller déposer sa plainte chez un commissaire. Le redoutable corps dont il a l’honneur d’être membre n’a jamais voulu consentir qu’il s’en désistât. L’affaire vient d’être jugée au parlement. M. de *** a été condamné à tous les dépens, à faire réparation au procureur, à lui payer deux mille écus de dommages et intérêts, applicables de son consentement aux pauvres prisonniers de la Conciergerie ; de plus, il est enjoint très expressément audit comte de ne plus prétexter des ordres du roi pour troubler le spectacle, etc. Cette aventure a fait beaucoup de bruit, il s’y est mêlé de grands intérêts : toute la robe a cru être insultée par l’outrage fait à un homme de sa livrée, etc. M. de ***, pour faire oublier son aventure, est allé chercher des lauriers au camp de Saint-Roch. Il ne pouvait mieux faire, a-t-on dit, car on ne peut douter de son talent pour emporter les places de haute lutte. » Supposez un philosophe obscur au lieu de maître Pernot. Utilité du duel.
    Grimm, troisième partie, tome II, p. 102.
    Voir plus loin, p. 496, une lettre assez raisonnable de Beaumarchais qui refuse une loge grillée qu’un de ses amis lui demandait pour Figaro. Tant qu’on a cru que cette réponse s’adressait à un duc, la fermentation a été grande, et l’on parlait de punitions graves. On n’a plus fait qu’en rire quand Beaumarchais a déclaré que sa lettre était adressée à M. le président du Paty. Il y a loin de 1785 à 1822 ! Nous ne comprenons plus ces sentiments. Et l’on veut que la même tragédie qui touchait ces gens-là soit bonne pour nous !