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jamais il n’eut été infidèle lui-même. Il veut fuir. Il se distrait par la débauche. Il s’était enivré comme à son ordinaire. Il feint qu’une troupe d’amours le rencontre et le ramène aux pieds de Cinthie. Leur raccommodement est suivi de nouveaux orages. Cinthie, dans un de leurs soupers, s’échauffe de vin comme lui, renverse la table, lui jette les coupes à la tête ; il trouve cela charmant. De nouvelles perfidies le forcent enfin à rompre sa chaîne ; il veut partir ; il va voyager dans la Grèce ; il fait tout le plan de son voyage, mais il renonce à ce projet, et c’est pour se voir encore l’objet de nouveaux outrages. Cinthie ne se borne plus à le trahir, elle le rend la risée de ses rivaux ; mais une maladie vient la saisir, elle meurt. Elle lui reproche ses infidélités, ses caprices, l’abandon où il l’a laissée à ses derniers moments, et jure qu’elle même, malgré les apparences, lui fut toujours fidèle. Telles sont les mœurs et les aventures de Properce et de sa maîtresse ; telle est en abrégé l’histoire de leurs amours. Voilà la femme qu’une âme comme celle de Properce fut réduite à aimer.

« Ovide et Properce furent souvent infidèles, mais jamais inconstants. Ce sont deux libertins fixés qui portent souvent çà et là leurs hommages, mais qui reviennent toujours reprendre la même chaîne.