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Ce bonheur est bientôt troublé par de nouveaux accès de jalousie, interrompu par l’éloignement et par l’absence. Loin de Cinthie, il ne s’occupe que d’elle. Ses infidélités passées lui en font craindre de nouvelles. La mort ne l’effraye pas, il ne craint que de perdre Cinthie ; qu’il soit sûr qu’elle lui sera fidèle, il descendra sans regret au tombeau.

« Après de nouvelles trahisons, il s’est cru délivré de son amour, mais bientôt il reprend ses fers. Il fait le portrait le plus ravissant de sa maîtresse, de sa beauté, de l’élégance de sa parure, de ses talents pour le chant, la poésie et la danse, tout redouble et justifie son amour. Mais Cinthie, aussi perverse qu’elle est aimable, se déshonore dans toute la ville par des aventures d’un tel éclat, que Properce ne peut plus l’aimer sans honte. Il en rougit, mais il ne peut se détacher d’elle. Il sera son amant, son époux ; jamais il n’aimera que Cinthie. Ils se quittent et se reprennent encore. Cinthie est jalouse, il la rassure. Jamais il n’aimera une autre femme. Ce n’est point en effet une seule femme qu’il aime : ce sont toutes les femmes. Il n’en possède jamais assez, il est insatiable de plaisirs. Il faut pour le rappeler à lui-même que Cinthie l’abandonne encore. Ses plaintes alors sont aussi vives que si