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qu’elle prenne quelque peine pour le tromper, et qu’elle se montre un peu moins évidemment ce qu’elle est. Telles furent les mœurs d’Ovide et de sa maîtresse, tel est le caractère de leurs amours.

« Cinthie est le premier amour de Properce, et ce sera le dernier. Dès qu’il est heureux, il est jaloux. Cinthie aime trop la parure ; il lui demande de fuir le luxe et d’aimer la simplicité. Il est livré lui-même à plus d’un genre de débauche. Cinthie l’attend ; il ne se rend qu’au matin auprès d’elle, sortant de table et pris de vin. Il la trouve endormie ; elle est longtemps sans que tout le bruit qu’il fait, sans que ses caresses mêmes la réveillent ; elle ouvre enfin les yeux et lui fait les reproches qu’il mérite. Un ami veut le détacher de Cinthie ; il fait à cet ami l’éloge de sa beauté, de ses talents. Il est menacé de la perdre : elle part avec un militaire ; elle va suivre les camps, elle s’expose à tout pour suivre son soldat. Properce ne s’emporte point, il pleure, il fait des vœux pour qu’elle soit heureuse. Il ne sortira point de la maison qu’elle a quittée ; il ira au-devant des étrangers qui l’auront vue ; il ne cessera de les interroger sur Cinthie. Elle est touchée de tant d’amour. Elle quitte le soldat, et reste avec le poète. Il remercie Apollon et les muses ; il est ivre de son bonheur.