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modent ; ils sont infidèles à leur tour, on leur pardonne, et ils retrouvent un bonheur qui bientôt est troublé par le retour des mêmes chances.

« Corinne est mariée. La première leçon que lui donne Ovide est pour lui apprendre par quelle adresse elle doit tromper son mari ; quels signes ils doivent se faire devant lui et devant le monde, pour s’entendre et n’être entendus que d’eux seuls. La jouissance suit de près ; bientôt des querelles, et ce qu’on n’attendrait pas d’un homme aussi galant qu’Ovide, des injures et des coups ; puis des excuses, des larmes et le pardon. Il s’adresse quelquefois à des subalternes, à des domestiques, au portier de son amie pour qu’il lui ouvre la nuit, à une maudite vieille qui la corrompt et lui apprend à se donner à prix d’or, à un vieil eunuque qui la garde, à une jeune esclave pour qu’elle lui remette des tablettes où il demande un rendez-vous. Le rendez-vous est refusé : il maudit ses tablettes, qui ont eu un si mauvais succès. Il en obtient un plus heureux : il s’adresse à l’Aurore pour qu’elle ne vienne pas interrompre son bonheur.

« Bientôt il s’accuse de ses nombreuses infidélités, de son goût pour toutes les femmes. Un instant après Corinne est aussi infidèle : il ne peut supporter l’idée qu’il lui