Tibulle, Ovide et Properce furent de meilleur goût que nos poètes ; ils ont peint l’amour tel qu’il put exister chez les fiers citoyens de Rome ; encore vécurent-ils sous Auguste qui, après avoir fermé le temple de Janus, cherchait à ravaler les citoyens à l’état de sujets loyaux d’une monarchie.
Les maîtresses de ces trois grands poètes furent des femmes coquettes, infidèles et vénales ; ils ne cherchèrent auprès d’elles que des plaisirs physiques, et je croirais qu’ils n’eurent jamais l’idée des sentiments sublimes[1] qui, treize siècles plus tard, firent palpiter le sein de la tendre Héloïse.
J’emprunte le passage suivant à un littérateur distingué et qui connaît beaucoup mieux que moi les poètes latins :
« Le brillant génie d’Ovide[2], l’imagination riche de Properce, l’âme sensible de Tibulle, leur inspirèrent sans doute des vers de nuances différentes, mais ils aimèrent de la même manière des femmes à peu près de la même espèce. Ils désirent, ils triomphent, ils ont des rivaux heureux, ils sont jaloux, ils se brouillent et se raccom-