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défendre. À l’instant, au lieu de voir la mort, il voit la croix de la légion d’honneur.

39.

Fond des mœurs anglaises. Vers 1730, quand nous avions déjà Voltaire et Fontenelle, on inventa en Angleterre une machine pour séparer le grain qu’on vient de battre des petits fragments de paille ; cela s’opérait au moyen d’une roue qui donnait à l’air le mouvement nécessaire pour enlever les fragments de paille ; mais en ce pays biblique les paysans prétendirent qu’il était impie d’aller contre la volonté de la divine Providence, et de produire ainsi un vent factice, au lieu de demander au ciel, par une ardente prière, le vent nécessaire pour vanner le blé, et d’attendre le moment marqué par le dieu d’Israël. Comparez cela aux paysans français[1].

  1. Pour l’état actuel des mœurs anglaises, voir la Vie de M. Beattie, écrite par un ami intime. On sera édifié de l’humilité profonde de M. Beattie) recevant dix guinées d’une vieille marquise pour calomnier Hume. L’aristocratie tremblante s’appuie sur des évêques à 200.000 livres de rente, et paye en argent ou en considération des écrivains prétendus libéraux pour dire des injures à Chénier (Edinburgh-Review, 1821).
    Le cant le plus dégoûtant pénètre partout. Tout ce qui n’est pas peinture de sentiments sauvages et énergiques en est étouffé : impossible d’écrire une page gaie en anglais.