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de ce conte luy vint à coup si rudement frapper l’imagination, qu’il encourut vne fortune pareille. Et de là en hors fut subiect à y recheoir, ce vilain souuenir de son inconuénient le gourmandant et le tyrannisant. Il trouua quelque remède à cette resuerie par vne autre resuerie. C’est que, aduoüant luy-mesme, et preschant, auant la main, cette sienne subiection, la contention de son asme se soulageoit sur ce que, apportant ce mal comme attendu, son obligation s’en amoindrissoit et lui en poisoit moins…

« Qui en a esté vne fois capable n’en est plus incapable, sinon par iuste foiblesse. Ce malheur n’est à craindre qu’aux entreprises où notre asme se trouue outre mesure tendüe de désir et de respect… J’en sçay à qui il a seruy d’y apporter le corps mesme, demy rassasié d’ailleurs… L’asme de l’assaillant, troublée de plusieurs diuerses allarmes, se perd aisément… La bru de Pythagoras disoit que la femme qui se couche auec vn homme doit auec sa cotte laisser quant et quant la honte, et la reprendre auec sa cotte. »

Cette femme avait raison pour la galanterie et tort pour l’amour.

Le premier triomphe, mettant à part toute vanité, n’est directement agréable pour aucun homme :