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La femme convaincue pourrait être condamnée à la prison pour la vie. Si le mari avait été absent plus de deux ans, la femme ne pourrait être condamnée qu’à une prison de quelques années. Les mœurs publiques se modèleraient bientôt sur ces lois et les perfectionneraient[1].

Alors les nobles et les prêtres, tout en regrettant amèrement les siècles décents de madame de Montespan ou de madame Du Barry, seraient forcés de permettre le divorce[2].

Il y aurait dans un village, en vue de

  1. L’Examiner, journal anglais, en rendant compte du procès de la reine (n° 662, du 3 septembre 1820), ajoute :
    « We have a system of sexual morality, under which thousands of women become mercenary prostitutes whom virtuous women are taught to scorn, while virtuous men retain the privilege of frequenting those very women, without it’s being regarded as any thing more than a venial offence. »
    Il y a une noble hardiesse dans le pays du Cant à oser exprimer, sur cet objet, une vérité, quelque triviale et palpable qu’elle soit ; cela est encore plus méritoire à un pauvre journal qui ne peut espérer de succès qu’en étant acheté par les gens riches, lesquels regardent les évêques et la Bible comme l’unique sauvegarde de leurs belles livrées.
  2. Madame de Sévigné écrivait à sa fille, le 23 décembre 1671 : « Je ne sais si vous avez appris que Villarceaux, en parlant au roi d’une charge pour son fils, prit habilement l’occasion de lui dire qu’il y avait des gens qui se mêlaient de dire à sa nièce (Mademoiselle de Rouxel), que Sa Majesté avait quelque dessein pour elle ; que si cela était, il le suppliait de se servir de lui, que l’affaire serait mieux entre ses mains que dans celles des autres, et qu’il s’y emploierait avec succès. Le roi se mit à rire, et dit : Villarceaux, nous sommes trop vieux, vous et moi, pour attaquer des demoiselles de quinze ans. Et comme un galant homme se moqua de lui et conta ce discours chez les dames » (Tome II, page 340).
    Mémoires de Lauzun, de Bezenval, de madame d’Épinay, etc., etc. Je supplie qu’on ne me condamne pas tout à fait sans relire ces mémoires.