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Dans une pièce voisine, les mères, peut-être un peu jalouses de l’heureuse éducation de leurs filles, joueraient au boston ; dans une troisième, les pères trouveraient les journaux et parleraient politique. Entre minuit et une heure toutes les familles se réuniraient, et regagneraient le toit paternel. Les jeunes filles apprendraient à connaître les jeunes hommes ; la fatuité et l’indiscrétion qui la suit leur deviendraient bien vite odieuse ; enfin, elles se choisiraient un mari. Quelques jeunes filles auraient des amours malheureuses, mais le nombre des maris trompés et des mauvais ménages diminuerait dans une immense proportion. Alors il serait moins absurde de chercher à punir l’infidélité par la honte ; la loi dirait aux jeunes femmes : Vous avez choisi votre mari ; soyez-lui fidèle. Alors j’admettrais la poursuite et la punition par les tribunaux de ce que les Anglais appellent criminal conversation. Les tribunaux pourraient imposer au profit des prisons, et des hôpitaux, une amende égale aux deux tiers de la fortune du séducteur, et une prison de quelques années.

Une femme pourrait être poursuivie pour adultère devant un jury. Le jury devrait d’abord déclarer que la conduite du mari a été irréprochable.