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CHAPITRE LVII

De ce qu’on appelle Vertu.


Moi, j’honore du nom de vertu l’habitude de faire des actions pénibles et utiles aux autres.

Saint Siméon Stylite qui se tient vingt-deux ans sur le haut d’une colonne et qui se donne les étrivières n’est guère vertueux à mes yeux, j’en conviens, et c’est ce qui donne un ton trop leste à cet essai.

Je n’estime guère non plus un chartreux qui ne mange que du poisson et qui ne se permet de parler que le jeudi. J’avoue que j’aime mieux le général Carnot qui, dans un âge avancé, supporte les rigueurs de l’exil dans une petite ville du Nord, plutôt que de faire une bassesse.

J’ai quelque espoir que cette déclaration extrêmement vulgaire portera à sauter le reste du chapitre.

Ce matin, jour de fête, à Pesaro (7 mai 1819), étant obligé d’aller à la messe, je me suis fait donner un missel et je suis tombé sur ces paroles :