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du public ; dès que le hasard leur donne les moyens de se montrer, voyez-les atteindre aux talents les plus difficiles ; voyez de nos jours une Catherine II, qui n’eut d’autre éducation que le danger et le catinisme ; une Mme Roland, une Alessandra Mari, qui, dans Arezzo, lève un régiment et le lance contre les Français ; une Caroline, reine de Naples, qui sait arrêter la contagion du libéralisme mieux que nos Castlereagh et nos P.... Quant à ce qui met obstacle à la supériorité des femmes dans les ouvrages de l’esprit, on peut voir le chapitre de la pudeur, article 9. Où ne fût pas arrivée miss Edgeworth si la considération nécessaire à une jeune miss anglaise ne lui eût fait une nécessité, lorsqu’elle débuta, de transporter la chaire dans le roman[1] ?

Quel est l’homme dans l’amour ou dans le mariage qui a le bonheur de pouvoir communiquer ses pensées telles qu’elles se présentent à lui, à la femme avec laquelle il passe sa vie ? Il trouve un bon cœur qui partage ses peines, mais toujours

  1. Sous le rapport des arts, c’est là le grand défaut d’un gouvernement raisonnable et aussi le seul éloge raisonnable de la monarchie à la Louis XIV. Voir la stérilité littéraire de l’Amérique. Pas une seule romance comme celles de Robert Burns ou des Espagnols du XIII siècle *.
    * Voir les admirables romances des Grecs modernes, celles des Espagnols et des Danois du XIII siècle, et encore mieux les poésies arabes du VII siècle.