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ou d’une romance de Romagnesi, tout comme l’affectation de citer Fra Paolo et le concile de Trente à propos d’une discussion sur nos doux missionnaires) ; la pédanterie de la robe et du bon ton, la nécessité de dire sur Rossini précisément la phrase convenable, tue les grâces des femmes de Paris ; cependant, malgré les terribles effets de cette maladie contagieuse, n’est-ce pas à Paris que sont les femmes les plus aimables de France ? Ne serait-ce point que ce sont celles dans la tête desquelles le hasard a mis le plus d’idées justes et intéressantes ? Or ce sont ces idées-là que je demande aux livres. Je ne leur proposerai certainement pas de lire Grotius ou Puffendorf depuis que nous avons le commentaire de Tracy sur Montesquieu.

La délicatesse des femmes tient à cette hasardeuse position où elles se trouvent placées de si bonne heure, à cette nécessité de passer leur vie au milieu d’ennemis cruels et charmants.

Il y a peut-être cinquante mille femmes en France, qui par leur fortune sont dispensées de tout travail. Mais sans travail il n’y a pas de bonheur. (Les passions forcent elles-mêmes à des travaux, et à des travaux fort rudes, qui emploient toute l’activité de l’âme.)

Une femme qui a quatre enfants, et