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de son siècle, une considération allant presque jusqu’à l’enthousiasme.

Les femmes deviendraient les rivales, et non les compagnes de l’homme. — Oui, aussitôt que par un édit vous aurez supprimé l’amour. En attendant cette belle loi, l’amour redoublera de charmes et de transports, voilà tout. La base sur laquelle s’établit la cristallisation deviendra plus large ; l’homme pourra jouir de toutes ses idées auprès de la femme qu’il aime, la nature tout entière prendra de nouveaux charmes à leurs yeux, et comme les idées réfléchissent toujours quelques nuances des caractères, ils se connaîtront mieux et feront moins d’imprudences ; l’amour sera moins aveugle et produira moins de malheurs.

Le désir de plaire met à jamais la pudeur, la délicatesse et toutes les grâces féminines, hors de l’atteinte de toute éducation quelconque. C’est comme si l’on craignait d’apprendre aux rossignols à ne pas chanter au printemps.

Les grâces des femmes ne tiennent pas à l’ignorance ; voyez les dignes épouses des bourgeois de votre village, voyez en Angleterre les femmes des gros marchands. L’affectation qui est une pédanterie (car j’appelle pédanterie, l’affectation de me parler, hors de propos, d’une robe de Leroy