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celui qui juge de l’amour, chose essentielle et fort difficile.

Or, comme en physiologie l’homme ne sait presque rien sur lui-même que par l’anatomie comparée, de même dans les passions, la vanité et plusieurs autres causes d’illusion font que nous ne pouvons être éclairés sur ce qui se passe dans nous que par les faiblesses que nous avons observées chez les autres. Si par hasard cet essai a un effet utile, ce sera de conduire l’esprit à faire de ces sortes de rapprochements. Pour engager à les faire, je vais essayer d’esquisser quelques traits généraux du caractère de l’amour chez les diverses nations.

Je prie qu’on me pardonne si je reviens souvent à l’Italie ; dans l’état actuel des mœurs de l’Europe, c’est le seul pays où croisse en liberté la plante que je décris. En France, la vanité ; en Allemagne, une prétendue philosophie folle à mourir de rire ; en Angleterre, un orgueil timide, souffrant, rancunier, la torturent, l’étouffent ou lui font prendre une direction fin et note renvoyées à la page suivante