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accordent par force, on est toujours tenté d’abuser, et il est quelquefois nécessaire d’abuser pour conserver.

4o Enfin, en amour, à cette époque qui, dans les pays du midi, comprend souvent douze ou quinze années, et les plus belles de la vie, notre bonheur est en entier entre les mains de la femme que nous aimons. Un moment d’orgueil déplacé peut nous rendre à jamais malheureux, et comment un esclave transporté sur le trône ne serait-il pas tenté d’abuser du pouvoir ? De là, les fausses délicatesses et l’orgueil féminin. Rien de plus inutiles que ces représentations ; les hommes sont despotes, et voyez quels cas font d’autres despotes des conseils les plus sensés ; l’homme qui peut tout ne goûte qu’un seul genre d’avis, ceux qui lui enseignent à augmenter son pouvoir. Où les pauvres jeunes filles trouveront-elles un Quiroga et un Riego pour donner aux despotes qui les oppriment et les dégradent, pour les mieux opprimer, de ces avis salutaires que l’on récompense par des grades et des cordons au lieu de la potence de Porlier ?

Si une telle révolution demande plusieurs siècles, c’est que par un hasard bien funeste toutes les premières expériences doivent nécessairement contredire la vérité. Éclairez l’esprit d’une jeune fille, formez