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coups de fouet l’homme qui montrera à lire à un nègre de la Virginie[1]. Rien de plus conséquent et de plus raisonnable que cette loi.

Les États-Unis d’Amérique eux-mêmes ont-ils été plus utiles à la mère patrie lorsqu’ils étaient ses esclaves ou depuis qu’ils sont ses égaux ? Si le travail d’un homme libre vaut deux ou trois fois celui du même homme réduit en esclavage, pourquoi n’en serait-il pas de même de la pensée de cet homme ?

Si nous l’osions, nous donnerions aux jeunes filles une éducation d’esclave, la preuve en est qu’elles ne savent d’utile que ce que nous ne voulons pas leur apprendre.

Mais ce peu d’éducation qu’elles accrochent par malheur, elles le tournent contre nous, diraient certains maris. — Sans doute, et Napoléon aussi avait raison de ne pas donner des armes à la garde nationale, et les ultras aussi ont raison de proscrire l’enseignement mutuel ; armez un homme et puis continuez à l’opprimer, et vous verrez qu’il sera assez pervers pour tourner, s’il le peut, ses armes contre vous.

  1. Je regrette de ne pas trouver dans le manuscrit italien la citation de la source officielle de ce fait ; je désire que l’on puisse le démentir.