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contre elle, et, allant dire à Oualid ce qu’il avait vu, il lui décrivit le coffre où il avait vu entrer Oueddah. — Tu mens, esclave sans mère, tu mens, lui dit Oualid ; et il court brusquement chez Om-el-Bonain. Il y avait dans l’appartement plusieurs coffres ; il s’assied sur celui où était renfermé Oueddah, et que lui avait décrit l’esclave en disant à Om-el-Bonain : Donne-moi un de ces coffres. — Ils sont tous à toi, ainsi que moi-même, répondit Om-el-Bonain. — Eh bien, poursuivit Oualid, je désire avoir celui sur lequel je suis assis. — Il y a dans celui-là des choses nécessaires à une femme, dit Om-el-Bonain. — Ce ne sont point ces choses-là, c’est le coffre que je désire, continua Oualid. — Il est à toi, répondit-elle. Oualid fit aussitôt emporter le coffre, et fit appeler deux esclaves auxquels il donna l’ordre de creuser une fosse en terre jusqu’à la profondeur où il se trouverait de l’eau. Approchant ensuite sa bouche du coffre : On m’a dit quelque chose de toi, cria-t-il. Si l’on m’a dit vrai, que toute ta trace de toi soit séparée, que toute nouvelle de toi soit ensevelie. Si l’on m’a dit faux, je ne fais rien de mal en enfouissant un coffre : ce n’est que du bois enterré. Il fit pousser alors le coffre dans la fosse et la fit combler des pierres et des terres que l’on en