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à mourir ; elle voulut le voir et l’embrasser mort, après quoi elle retourna auprès de sa figure, la salua, l’embrassa comme à l’ordinaire et se coucha à côté d’elle. Le matin venu on l’y trouva morte, la main étendue vers des lignes d’écriture qu’elle avait tracées avant de mourir•.

Oueddah, du pays de Yamen, était renommé pour sa beauté entre les Arabes. — Lui et Om-el-Bonain, fille de Abd-el-Aziz, fils de Merouan, n’étant encore que des enfants, s’aimaient déjà tellement, que l’un ne pouvait souffrir d’être un moment séparé de l’autre. — Lorsque Om-el-Bonain devint la femme de Oualid-Ben-Adb-el-Malek, Oueddah en perdit la raison. — Après être resté longtemps dans un état d’égarement et de souffrance, il se rendit en Syrie et commença à rôder chaque jour autour de l’habitation de Oualid, fils de Malek, sans trouver d’abord de moyen de parvenir à ce qu’il désirait. — À la fin, il fit la rencontre d’une jeune fille qu’il réussit à s’attacher à force de persévérance et de soins. Quand il crut pouvoir se fier à elle, il lui demanda si elle connaissait Om-el-Bonain. — Sans doute, puisque c’est ma maîtresse, répondit la jeune fille. — Eh bien ! reprit Oueddah, ta maîtresse est ma cousine et si tu veux lui porter de mes nouvelles tu lui feras certainement plaisir.