Page:Stendhal - D’un nouveau complot contre les industriels, 1825.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais je cherche en vain l’admirable dans leur conduite. Pourquoi les admirerais-je plus que le médecin, que l’avocat, que l’architecte ?

Certes, nous autres, petites gens, nous aimons mieux l’industrie qui nous propose de faire des échanges et qui veut commercer avec nous, que le privilège qui prétend de haute lutte nous enlever tous nos droits. La profession des industriels est fort estimable ; mais nous ne voyons pas en quoi elle mérite d’être plus honorée que toute autre profession utile à la société. L’on aura beau faire, la classe chargée en France de la fabrication de l’opinion, pour parler le langage industriel, sera toujours celle des gens à 6000 liv. de rente. Ces gens-là seuls ont le loisir de se former une opinion qui soit à eux, et non pas celle de leur journal. Penser est le moins cher des plaisirs. L’opulence le trouve insipide et monte en voiture pour courir à l’Opéra ; elle ne se donne pas le temps de penser. L’homme pauvre n’a pas ce temps ; il faut qu’il travaille huit heures par jour, et que son esprit soit toujours tendu à bien s’acquitter de sa besogne.

La classe pensante accorde sa considération à tout ce qui est utile au plus grand nombre. Elle récompense par une haute estime, et quelquefois