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COURRIER ANGLAIS

le comte Gouvion-Saint-Cyr, bien secondé par le comte Amédee de Pastoret, livra douze batailles aux Russes, qui cherchaient à rompre nos lignes de communication pour isoler notre armée de la Pologne et de la France. Ces engagements coûtèrent plus d’hommes aux Russes que le général Saint-Cyr n’en avait sous ses ordres. Ce maréchal a été ministre de la guerre sous la Restauration il a montré dans cette fonction la plus scrupuleuse honnêteté. Il a publié en 1822 les Mémoires de sa campagne en Catalogne, œuvre remarquable par le bon sens et la simplicité du style. Il vient de terminer un ouvrage semblable sur la campagne de Moscou. Ce livre va bien choquer les buonapartistes l’auteur ne se contente pas en effet d’affirmer l’incapacité militaire de Napoléon en 1812, il prouve que les signes manifestes d’étourderie, que donna alors l’empereur provenaient d’une tête tournée par l’orgueil. J’ignore pour quelle raison le maréchal Gouvion-Saint-Cyr a omis de faire allusion, si peu que ce soit, aux indispositions fréquentes de l’empereur. Napoléon était très nerveux, et la maladie avait affaibli ses facultés tant corporelles que mentales au point qu’il était parfois comme une masse presque inerte. Il dormait alors pendant douze heures consé-