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papa et au papa. Ce parti de l'opposition est opposé au parti de la cour, qui tend sans cesse à augmenter le pouvoir du roi, et, par conséquent, à faire de l'Angleterre, d'abord une monarchie, et ensuite un état despotique. Il y a environ quarante ans que M. Walpole, ministre du roi, voulut attirer dans le parti de la cour un hon­nête homme qui était de l'opposition. Il va le voir :

— Je viens, lui dit M. Walpole, de la part du roi, vous assurer de sa protection, vous marquer le regret qu'il a de n'avoir rien fait pour vous, et vous offrir un emploi convenable à votre mérite.

— Milord, lui répliqua le citoyen, avant de répondre à vos offres, permettez-moi de faire apporter mon souper devant vous.

On lui sert au même instant un hachis fait avec des restes de gigot dont il avait dîné. Se tournant alors vers M. Walpole :

— Milord, ajouta-t-il, pensez vous qu'un homme qui se contente d'un pareil repas soit un homme que la cour puisse aisément gagner ? Dites au roi ce que vous avez vu, c'est la seule réponse que j'aie à lui faire.

M. Walpole se retira confus. Si cet homme avait aimé les grands repas, il y a gros à parier qu'il se serait laissé tenter.

Deux causes m'ont fait étudier : la crainte de l'ennui et l'amour de la gloire. C'est