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de t'avoir la traduction de Dacier. Plu-tarque est le livre par excellence : qui le lit bien trouve que tous les autres n'en sont que des copies1.

Je t'enverrai bientôt la Grandeur des Romains et les Conjurations de Saint-Réal. Tu peux lire les histoires de Millot : elles sont froides, plates, etc. ; mais elles sont courtes et exactes. Surtout point de Velly qui n'est qu'ennuyeux.

Lis Quinte-Curce traduit ; la Vie de Charles ''XII. Lis beaucoup Corneille et Racine. Je lis, chaque soir, avant de me coucher, quelque fatigué que je sois, un acte de Racine pour apprendre à parler français. Les jours où je n'ai pas mon maître d'anglais2 je lis, en me levant, une pièce de Corneille. Sur quoi, je t'ob­serverai que ce sont les bonnes qu'il faut lire : Horace, le Menteur, Cinna, Rodo-gune, le Cid.

De Racine, il ne faut lire habituellement, ni les Frères ennemis, ni Alexandre, ni Esther.

Je te conseille fort de lire, chaque jour,

1. Beyle a toujours cru à l'excellence de la traduction d'Amyot. A la fin de sa vie il notait sur un exemplaire de sa bibliothèque de Civita-Vecchia : « L'idée qu'eut J. Amyot de traduire Plutarque a exercé une influence fort grande sur la langue française et même sur le goût français. »

2. Le père J ky ,franciscain irlandais, dont Beyle a parlé dans son journal et qu'il a mis en scène dans son roman inachevé, le Rose et le Vert.