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te donnera les premières notions, et si jamais j'ai le bonheur de pouvoir passer deux mois à Claix avec toi, loin des en­nuyeux, nous parlerons littérature. Je te dirai ma manière de voir et j'espère que tu sentiras de la même manière. Il y a en toi de quoi faire une femme char­mante, mais il faut t'accoutumer à réflé­chir, voilà le grand secret.

Pour bien sentir la mesure des vers, il faut en avoir dans l'oreille. Tu me feras bien plaisir de chercher le quatrième acte d' Iphigénie, scène quatrième et d'ap­prendre la tirade qui commence par ces mots mon père, jusqu'à que je leur vais conter. Je te conseille de les copier et de les lire le soir. Il est très essentiel de bien lire les vers, je voudrais que d'ici au mois de septembre prochain, tu susses tout le rôle d'Iphigénie, je t'apprendrais à le déclamer. Tu pourras te borner à lire de Corneille, les pièces suivantes : le Cid, Horace, Cinna, Rodogune et Po-lyeucte. Prie le grand-papa de te prêter le Misanthrope, de Molière. Tu pourras lire Rhadamiste et Zénobie, de Crébillon, Mérope, Zaïre et la Mort de César, de Vol­taire. Si ton goût est juste, tu placeras Corneille et Racine au premier rang des tragiques français, Voltaire et Crébillon au deuxième. Je finis en te recomman-