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constances me forcent à habiter Paris, combien j'aurais eu de plaisir à travailler avec toi, et à cultiver cette âme si heureu­sement née. Mais, ma chère amie, puisque nous ne pouvons vivre ensemble, tâchons au moins de tromper l'absence en nous écrivant souvent ; écris-moi une fois par semaine, et pour le faire régulièrement, prends un jour dans la semaine et choisis une heure dans ce jour-là ; de mon côté je m'engage à te répondre sur-le-champ ; tu pourrais m'écrire, par exemple, tous les dimanches matins. Je suis enchanté que tu commences l'italien : nous aurons un point de contact de plus ; je t'enverrai par Colomb1 une excellente grammaire ; car celle de M. Gattel2 que tu suis sans doute n'est qu'un ramassis de principes. Je t'enverrai aussi un petit livre de deux cent treize pages in-18, qui te don­nera plus d'idées que toutes les biblio­thèques du monde ! C'est la Logique de

1. Leur cousin Romain Colomb qui devait si bien servir plus tard la mémoire de Stendhal se trouvait alors à Paris.

2. L'abbé Gattel avait enseigné à Henri Beyle la grammaire générale et la logique quand celui-ci suiv..it les cours de l'Ecole Centrale de Grenoble. Dans sa Vie d'Henri Brulard Beyle parle de lui avec admiration. La nouvelle grammaire que Beyle parle d'envoyer à sa sœur, la Grammaire Italienne de Siret, était parue à Paris chez Théophile Barrois en l'an V de la République. Le Dr Flandrin Grenoble en a trouvé l'exemplaire chez un bouquiniste portant la signature d'Henri Beyle et l'indication de sa main qu'il l'avait payée trois livres le 25 mai précédent.