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du soir, et il veut cueillir cette nuit même le prix de son amour. Tout va très bien jusque-là ; mais le roi s'avise d'aller aussi à la chaumière et de demander à Léon, pour prix du beau brevet qu'il vient de lui donner, la main de sa Félicie. Léon lui dit : « Je n'y veux pas consentir »

Et j'aime, en Castillan, ma maîtresse et mon roi.

C'est le seul vers supportable de la pièce. Là-dessus le roi le poignarde. C'est ainsi que finit le quatrième acte.

Jusque-là le public avait souffert assez patiemment trois expositions différentes et quatre ou cinq beaux discours, tous remplis, pour être plus touchants, de belles et bonnes maximes extraites de Voltaire, Helvétius, voire même Püfendorf ; mais ce coup de poignard a tout gâté. L'ennui général s'est manifesté par de nombreux coups de sifflet, et on a baissé la toile au milieu du cinquième acte1. Ce qui a le plus amusé le public, c'est le style original de la pièce. D'ordinaire, la dureté des vers

1. Cette pièce servit de prétexte à des manifestations politiques. Les républicains se portaient en foule à la tragédie du Roi et le Laboureur, pour y fêter, dans la personne de Don Pèdre, le spectacle d'une couronne avilie. Il fallut que la censure intervint. (G. MERLET, Tableau de la littérature française, 1800-18l5. La Tragédie sous l'Empire.) (Note dé F. Corréard.)