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la situation, mais il s'était contenté de l'esquisser. Mlles Mars et Contat ont achevé le tableau par leur jeu charmant à la fois et profond. Tout le reste de la pièce a été très faiblement goûté. Les pirouettes de Vestris, les grâces de Mme Coulomb et les cris de Mmes Mail­lard et Branchu n'ont pu étouffer l'ennui qui devait naturellement résulter de quatre heures de spectacle sans intérêt. Le souvenir de l'ancien succès de Figaro a seul empêché les spectateurs de témoi­gner leur mécontentement. Il n'en a pas été de même hier à la représentation du Roi et le Laboureur, tragédie nouvelle.

Arnault[1] avait dit partout qu'elle était de lui. Talma et Lafont y jouaient, il n'en fallait pas tant pour attirer tout Paris ; aussi à cinq heures la queue s'éten­dait déjà jusque dans le jardin du Palais-Royal. On a commencé à 7 heures. De mémoire d'homme on n'a vu amphigouri pareil ; ni plan, ni action, ni style. Un roi de Castille qui tombe de cheval en chassant à une lieue de Séville, capitale

  1. Antoine Arnault (1766-1834), académicien auteur de Marius à Minturnes(1791), Lucrèce(1792), Phrosine et Mélidor(1798), Oscor fils d'Ossian(1796), les Vénitiens(1797), Germanicus, etc. Le titre de la pièce dont parle Beyle est Don Pèdre ou le Roi et le Laboureur, drame. (Note de F. Oortéird qui le premier a publié les lettres de Beyle à Edouard Mounier.)