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de lire Racine, le terrible Crébillon, et le charmant La Fontaine. Tu verras la distance immense qui sépare Racine de Crébillon et de la foule des imitateurs de ce dernier. Tu me diras ensuite qui tu aimes le mieux de Corneille ou de Racine. Peut-être Voltaire te plaira-t-il d'abord autant qu'eux ; mais tu sentiras bientôt combien son vers coulant, mais vide, est inférieur au vers plein de choses du tendre Racine, et du majestueux Corneille.

Tu peux demander au grand papa les Lettres Persanes de Montesquieu et l'His­toire naturelle de Buffon, à partir du sixième volume ; les pr miers ne t'amuseraient pas. Je crois, ma chère Pauline, que ces divers ouvrages t'amuseront beaucoup ; en même temps, tu feras connaissance avec leurs immortels auteurs.

Mais c'est assez bavarder sur un même sujet. Donne-moi de grands détails sur tes occupations chez Mlle Lass[aigne] et sur la manière dont tu passes ton temps. Peut-être t'ennuies-tu un peu ; mais songe que dans ce monde nous n'avons jamais de bonheur parfait et mets à profit ta jeunesse, pour apprendre ; les connais­sances nous suivent tout le reste de notre vie, nous sont toujours utiles et, quelquefois, nous font oublier bien des peines. Pour moi, quand je lis Racine,*