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Donne-moi beaucoup de détails là-dessus. Parle-moi, je t'en prie, de tous les ou­vrages que tu lis, dis-moi s'ils t'amusent et ce que tu en penses. T'occupes-tu de l'his­toire, non pas de cette histoire qui con­siste à apprendre par cœur M. Le Ragois, mais de cette histoire philosophique qui montre dans tous les évènements la suite des passions des hommes, et qui démontre, par l'expérience de tous les siècles, que pour être heureux, il faut avoir l'inten­tion du bien et le faire. Que devient Félicie ? A-t-elle autant d'esprit qu'elle en promettait il y a deux ans ? Quel genre a pris Caroline ? S'est-elle défait de cet exécrable ton de bigotisme qu'elle avait pris dans une si mauvaise école ? Tu vois par la liberté des questions que je te fais que tu dois garder ma lettre pour toi. Réponds-moi, je t'en prie, au long sur tout ce que je te demande. De­puis deux ans nous avons été étrangers l'un à l'autre ; tu étais très jeune alors, mais à cette heure que tu es raisonnable, je voudrais bien que tu me regardes comme un de tes meilleurs amis et que tu m'écrives plus souvent. Il y a quelque temps que j'ai prié mon papa d'avoir la bonté de m'envoyer les chemises que ma tatan a bien voulu me faire, ainsi que quelques paires de bas. Presse, je t'en prie,