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paraît plus froid que la vue de ces pierres amoncelées. Ce que j'aime à voir dans une ville, ce sont ses habitants, car l'homme intéresse toujours l'observateur, il est même certains pays où il frapperait d'étonnement l'homme le plus froid. II existe à Brescia trois cent vingt-une maisons de religieux ou religieuses,outre la paroisse et un évêché. On y assassine un homme raide mort pour deux ducats, ou environ huit francs de France ; lorsqu'il vit encore après le coup de stylet, l'assassin véritable donne jusqu'à quatre ducats, ou seize francs, à son instrument. Tu ob­serveras que Brescia est une ville de 28 ou 30.000 âmes, chaque mois il y a 60 à 80 meurtres ; sous l'ancien régime, leur nombre s'élevait à 90 ou 100.

Paris est une ville de 8 à 900.000 âmes où par conséquent les excès en tous les genres abondent, ce qui devrait donner lieu à beaucoup d'assassinats. On y comp­tait, lorsque j'y étais, il y a un an, 57 églises de tous les genres, tolérées par le Gou­vernement, et suivant les rapports du Ministre de la Police, il entrait, les jours ouvriers, 3 à 400 fidèles dans chaque église et les dimanches de 1500 à 2000 ; il y avait ordinairement 10 ou 15 assassi­nats, 7 à 8 suicides et 15 à 20 morts par les duels ; la société perdait donc chaque