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correspondance

se mêle de mes affaires m’empêche d’apprendre depuis que je suis ici. J’apprends à danser d’un danseur de l’Opéra ; son genre ne ressemble en rien à celui de Beler ; comme celui que l’on m’enseigne est le bon, et que, comme tel, il parviendra, tôt ou tard, en province, je te conseille de t’y préparer en pliant beaucoup dans tous tes pas et en exerçant particulièrement le coup de pied. Je danse avec Adèle Rebuffel[1] qui, quoiqu’âgée de onze ans seulement, est pleine de talents et d’esprit. Une des choses qui a le plus contribué à lui donner de l’un et de l’autre, ce sont ses lectures multipliées ; je désirerais que tu prisses la même voie, car je suis convaincu qu’elle est la seule bonne. Tes lectures, si elles sont choisies, t’intéresseront bientôt jusqu’à l’adoration et elles t’introduiront à la vraie philosophie. Source inépuisable de jouissances suprêmes, c’est elle qui nous donne la force de l’âme et la capacité nécessaire pour sentir et adorer le génie. Avec elle tout s’aplanit ; les diffi-

  1. Adélaïde ou Adèle Rebuffel était par sa mère apparentée aux Daru et était elle-même quelque peu cousine de Stendhal. Elle habitait avec sa mère au fond de la cour le premier étage de l’habitation des Daru, où le père négociant qui demeurait, rue Saint-Denis, avec Mlle  Barberen, son associée et sa maîtresse, les venait voir un quart d’heure par jour. Voir la Vie d’Henri Brulard, et le Journal.