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voleur s'enfuit. « Monsieur le voleur, fermez done la porte. Morbleu ! il laisse la porte ouverte. Quel chien de voleur ! Il faut que je me lève par le froid qu'il fait ; maudit voleur ! » L'abbé saute en pied, va fermer la porte et revient se mettre au travail.

Je mourais de rire, comme tout le monde, dès le milieu du conte. Ce qu'il y a de bon, c'est qu'il est vrai ; il vient de l'abbé de Molière lui-même.

Le mot de culotte^ qui y joue un grand l'ôle le gâte un peu pour toi ; cependant tu peux t'en faire honneur en disant que tu t'as entendu raconter à mon oncle ou à moi. Si on le trouve de trop bon comique pour une petite Grenobloise qui, décem­ment, doit être sotte et niaise, tu leur diras ce trait d'un paysan de la Beauce :

ïi avait fait quatre parts de son bien et les avait données à ses quatre fils, se réservant le droit de vivre tour à tour chez chacun d'eux. Au retour d'un de ses voyages, ses amis lui demandèrent  :

— Comment vous ont-ils traité ?

— Comme leur enfant.

Ce mot paraît sublime dans la bouche d'un tel père.

Adieu ; réponds donc à mes trois longues lettres ; remercie bien mon papa ; dis-moi où vous logez, si j'y aurai une chambre indé-