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avantage dans le monde sans avoir beaucoup de lectures et surtout de celles qu'il n'est pas permis de n'avoir pas faites. Remarque bien que je n'entends, pas par monde le poulailler de Mmes Co­lomb, Romanier1, Bertr[and] et autres, mais bien la société dans laquelle tu en­treras un jour lorsque, grande, bien élevée et remplie de talents, on pourra te pré­senter. Dis-moi si tu lis La Harpe. Je dési­rerais bien que tu l'entreprisses. Prie le Grand-Papa de t'expliquer ce que tu ne comprendras pas. Tu sais bien que lorsque un jour tu assisteras à une tragédie où Achille, par exemple, aura un rôle, si tu ne connais pas l'histoire de ce héros et qu'on t'en parle, forcée de te taire, tout le monde te prendra pour une imbécile. Si, comme je l'ai entendu dire à une dame, tu dis en société que Virgile était l'ami d'Homère, tout le monde te rira au nez et tu resteras confondue. Il n'est pas moins nécessaire de savoir l'histoire litté­raire de notre pays. Ne serais-tu pas bien aise de savoir dans quel temps vivait Molière, dont les comédies t'amuseront tant un jour ? Ne voudrais-tu pas connaître

1. Mmes Colomb et Romagnier étaient ces cousines des Gagnon qui venaient, racontera Stendhal plus tard dans sa Vie d'Henri Brulard, faire la partie de sa grand'tante Eli­sabeth et étaient étonnées des scènes du jeune Henri Beyle avec sa tante Séraphie.