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m'écrire que lorsque tu auras quelque chose d'essentiel à me communiquer. Songe que c'est le degré d'intérêt que nous prenons aux choses qui les rend impor­tantes pour nous. Une femme que j'aime doit aller ce soir au Français, au lieu d'aller au bois de Boulogne ; je pense toute la journée à ce changement. Rien ne serait plus insipide qu'une telle nou­velle aux yeux des indifférents ou même d'un simple ami ; pour moi, c'est une des choses les plus intéressantes.

Mets-toi donc dans l'esprit que tout ce que tu fais m'intéresse beaucoup et écris-moi sans gêne tout ce qui te vient. Je ne passerai probablement qu'un mois ou deux à Grenoble : je me séparerai ensuite de toi pour deux ou trois ans ; si nous prenons le parti de ne pas nous écrire, nous deviendrons bientôt étrangers l'un à l'autre ; peux-tu soutenir cette idée ?

Dis-moi ce que fait mon père, s'il est un peu plus content de moi, de quel air il en parle ; enfin, s'il paraît disposé à ni'en-voyer l'avance que je sollicite depuis six mois.

Avez-vous vu Mante ?

Réponds-moi sur tout cela et donne-moi des détails sur la famille. Car il y a demain, 29 ventôse, un an que je suis parti pour Genève ; moi, pendant cette année,