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Tous les hommes désirent quelque chose ; l'absence du désir est l'ennui ! lorsque cette absence devient habituelle, l'homme se tue.

Pour arriver à leur but, les hommes ont une conduite à tenir, c'est le raisonne­ment qui chez tous trace cette conduite ; il est tout simple que, quand le raison­nement est mauvais, nous n'arrivions pas au but désiré, comme nous n'arriverions pas à Voreppe, si nous nous avancions par le chemin du cours, vers le pont de Claix.

Tu vois donc qu'il importe de bien rai­sonner : tout le monde sent cette vérité qui est triviale, mais beaucoup d'entre eux croient raisonner parfaitement et se trompent.

Tous les hommes, en général, croient savoir bien faire ce qui est nécessaire à tous ; tous les hommes croient bien mar­cher et bien manger, c'est-à-dire de la ma­nière la plus propre au bonheur. Cepen­dant, qu'il se présente une grande route à faire pour une émigration inattendue ; à forces égales, le danseur de l'Opéra marche bien plus vite et se fatigue bien moins que l'homme ordinaire.

Que deux hommes aient l'estomac faible ; celui qui marchera le plus long­temps guérira, l'autre périra. De même,