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CORRESPONDANCE




1. — A
À SA SŒUR PAULINE[1]
Paris, 18 Ventôse an VIII. [Dimanche, 9 Mars 1800.]


Je ne me reconnais plus, ma chère Pauline, lorsque je pense que j’ai pu rester cinq mois sans t’écrire[2]. Il y a déjà quelque temps que j’y pense, mais la variété de mes occupations m’a toujours empêché de satisfaire mon désir. D’abord, je veux que tu m’écrives tous les huit jours sans faute ; sans cela[3], je te gronde ; ensuite je veux que tu ne montres tes lettres ni les miennes à personne ; je n’aime pas, quand j’écris de cœur, être gêné. Tu me diras comment va le piano ; si tu apprends à danser. As-tu dansé cet hiver ? je pense que oui. Apprends-tu à dessiner ? Le diable qui

  1. À la citoyenne Pauline Beyle, Grande-Rue, n° 60, à Grenoble (Départ. de l’Isère).
  2. Beyle avait quitté Grenoble le 30 octobre précédent.
  3. Beyle avait écrit cellà suivant l’habitude qu’il avait d’écrire ainsi ce mot. (Cf. la Vie d’Henri Brulard, chap. 41.) Mais dans ces lettres on a partout corrigé l’orthographe capricieuse de Stendhal.