Page:Stendhal - Correspondance, I.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne pénétrez pas que cette bêtise que je dis est une censure de ce que vient de dire Allegret, qui fait sourire Penet, M[ante] et Dupuy, ouvrir ses petits yeux à Allegret et de grandes bouches béantes aux deux stu-pides.

Voilà le sort des philosophes qui n'al­laient pas dans le monde, tels que Charron, Pascal, et tous les auteurs chrétiens. Ceux qui y allaient y étaient précédés de leur réputation qui offensant les vanités, faisait qu'on ne les traitait jamais de pair à compagnon, chose sans laquelle le monde ennuie. Les deux personnes qui s'ennuient le plus chez le roi, sont le garçon qui mouche les bougies et le roi; l'un et l'autre sont hors de la société, et, s'il y avait à parier, ce serait pour le laquais, qui satis­fait au moins sa curiosité et recueille des contes dont il ira réjouir les femmes de chambre.

Voilà pourquoi les peintures du monde sont si tristes chez les philosophes : ils ont peint ce qu'ils sentaient et qui, en effet, était fort triste : ajoute à cela que presque tous ont écrit dans un âge avancé. N'as-tu jamais passé, ayant bien dîné et même trop, devant une table chargée de ragoûts exquis ? Tu as sans doute éprouvé le dégoût le plus profond pour toutes ces odeurs de viandes qui t'auraient charmée