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on a le bon cœur de vouloir le bonheur des autres, sans avoir la bonne tête nécessaire pour en assurer les moyens. Tu vois que je pense tout haut avec toi, et que je saisis, quand l'occasion s'en présente, le moment de te dire en deux mots ce que de graves auteurs ont dit au milieu de deux volumes de pédanterie ; mais retiens bien, une fois pour toutes, que c'est là le plus mauvais tour que l'on puisse avoir dans une lettre, qui doit toujours être gracieuse, contente et gaie. Quand tu écriras à d'autres que moi, mets toujours ces règles en pratique et souviens-toi qu'il faut toujours cher­cher à ne pas déplaire avant d'essayer de plaire ; autrement, c'est vouloir courir avant de savoir marcher, et tu sais ce qu'il arrive alors.

Je disais donc que je me fais une image charmante de Claix et que j'aurai bien du plaisir à m'y trouver avec toi au prin­temps ; mais ce plaisir sera encore gâté par l'idée qu'on le fera durer trop long­temps. Les médecins me conseillent tous d'aller à la campagne, de tâcher de m'y amuser et d'y monter à cheval surtout. Ils m'ont déclaré nettement, ce matin, que l'habitude de réfléchir m'avait jeté dans une indolence naturelle qui serait très funeste avec mes obstructions, en un mot, que, si je n'avais pas recours à la cavalerie,