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billements ; il ne me donne que deux cents francs, et point d'habillement, de manière que je suis criblé de dettes. Or, avoir des dettes et être brouillés, c'est trop de la moitié ; je ne les ai faites que par l'ennui de lui demander à chaque instant, et rien ne semble plus ridicule à un habitant de Grenoble que la dépense d'un Jeune homme à Paris. II ne conçoit pas qu'on puisse dépenser dix louis par mois, rien ne va plus vite cependant. Tout cela m'ennuie et ce qui m'achève, c'est d'être mal avec lui. J aurais envie de devenir banquier ; je n'en parle pas, parce que jamais il ne me donnerait de fonds. Pour me distraire, j'ai voulu te faire banquière, ou, tout au moins, te mettre dans le cas de le devenir si tu voulais. Ne lui ai-je pas parlé dans ma dernière lettre de te marier à A... : qu'en dis-tu ? Tu sens qu'il n'en sera que ce que tu voudras ; mais, ma foi, à ta place, j'accepterais bien vite ; c'est une triste chose que de dépendre toute sa vie.

Adieu ; écris-moi souvent, et tâche de rire un peu ; il n'y a que cela qui soulage ; il faut prendre son parti, il faut être dans ce monde Heraclite ou Démocrite, et, franchement, Démocrite vaut mieux.

A ce que je viens de te dire près, je mène, depuis un mois, la vie la plus gaie