Voilà ce qu'il en a été de mon cher voyage, qui aurait été délicieux pour moi et qui peut-être vous eût fait quelque plaisir. Voilà comment le manque de liberté paralyse tout : j'aurais passé à Claix six semaines délicieuses ; au lieu de ça, je cours les champs ici. Je suis allé ces jours derniers dans la forêt de Montmorency. Cette campagne est charmante, mais j'aurais mieux aimé notre Claix. Dis-moi ce que vous y faites et surtout ne dis rien de ce projet de voyage. Je suis très aûligé de ce que mon père ne m'écrit plus, c'est affreux ; je ne sais qu'en penser. Cela est d'autant plus fâcheux qu'il faudra que je lui écrive, un de ces jours pour lui demander de quoi m!habiller eet hiver, et qu'il pourra dire avec raison quejeneluiéerisquecomme à unintendant ; mais c'est que je ne sais que dire à quelqu'un avec qui la décence m'empêche de plaisanter, et qui ne me dit rien. Je suis vraiment fâché de cet état de choses ; tâche d'en pénétrer la cause et dis-lui (s'il te le demande et sans que ça ait l'air de venir de moi) que je suis bien triste de son silence ; tu ne diras que la vérité. Je crains que ce ne soit ces maudites affaires d'argent qui ne m'aient mai mis auprès de lui, mais enfin il faut vivre. Il m'a-vait promis, en partant de Grenoble, deux cent quarante francs par mois et des ha-
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